Les marchandes et les marchands du marché dominical d'Anneville sur Seine ont été prévenus : "Le marché dominical n'existera plus dès l'ouverture de la supérette". En gros "Vous nous rendez bien service aujourd'hui et demain vous êtes indésirables" ou, plus dans l'air presquilien, "Braves bêtes, demain vient le nouveau troupeau, et pour vous, c'est l'abattoir !"
Le marché dominical, celui qui n'avait qu'un étal de primeurs il y a quelques mois, puis un autre dévoué aux canards et autres volatiles il y a quelques semaines et enfin depuis une grosse quinzaine un étal des produits de la mer est devenu au fil des semaines un lieu de retrouvailles, un lieu de convivialité, un lieu de sociabilité. C'est devenu un lieu de tolérance, celui ou les récents presquiliens rencontrent les anciens, celui qui ouvre ses allées aux handicapés dans leur voiture (voir mon précédent article)
Comment un tel lieu peut-il disparaître au profit de ce que l'on appelle une supérette, un temple de la malbouffe, des fruits et légumes muris en cave, des poulets nourris en cage, des poissons ni convexes ni concaves...
Une supérette, y avez vous déjà demandé à la fois un melon à point pour ce midi et un autre pour après demain, un filet de canard élevé en plein air qui ne soit pas un magret de canard élevé en batterie, un morceau de poisson "grand comme ça, c'est pour grand mère" et non ce "machin en barquette filmée dont on jettera la moitié si ce n'est l'entier"
S'il vous plaît, Monsieur le Maire d'Anneville sur Seine, s'il vous plaît, Messieurs les élus d'Anneville mais aussi de toute la presqu'île, de Bardouville à Yville en passant par Ambourville et Berville, ne laissez pas disparaître ce trait d'union entre nos villages, entre nos anciens et nos jeunes, laissez vivre ce marché !
Ne me parlez surtout pas de concurrence, combien de marchés se tiennent devant des centres commerciaux au plus grand bénéfice de l'ensemble des commerçants. La concurrence sert aussi à se surpasser dans le service à la clientèle, à offrir quelque chose de différent ou de plus pour le plus grand bénéfice des consommateurs
Le monopole n'a jamais été une bonne chose, ni pour les monopolisés, ni pour les monopolisateurs.